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Blog d'une lesbienne Sylvae
7 mai 2011

Les premières femmes en pantalon

Les garçonnes ou les premières femmes en pantalon.

Introduction

Moins de cent ans avant le mouvement des hommes en Jupes, il y eut les femmes en pantalon.... Cet article rend hommage à ces femmes pionnières qui ont eu le courage de faire face à l'homophobie, aux moqueries, à la désapprobation de la société durant la décennie 1920-1930 en portant le pantalon. En adoptant l'habit des hommes, elles ont été les précurseurs du mouvement d'émancipation et de libéralisation des femmes.


Pose calculée ou instant saisi par le photographe ?
"la garçonne à la voiture".

La garçonne.
point Symbole par excellence des Années folles, la garçonne, avec ses cheveux coupés, ses robes raccourcies, sa silhouette tubulaire est une figure de mode androgyne qui hésite entre masculinisation et invention d'une nouvelle féminité. Elle incarne, de manière ambigüe, l'émancipation des femmes. Les adversaires à cette émancipation ne manquèrent pas d'assimiler les garçonnes aux lesbiennes, utilisant ainsi l'homophobie contre les femmes. Ainsi, dès 1889, on estime que l'on peut presque toujours suspecter une homosexualité chez les femmes qui portent les cheveux courts ou qui s'habillent comme des hommes ou qui pratiquent les sports ou les passe-temps de leur entourage masculin. Le marquage du sexe par le vêtement est en effet à cette époque un trait culturel fondamental. Il assigne chaque sexe à sa place dans toutes les manifestations de la vie sociale. Pourtant, dans ce siècle marqué par la domination masculine, adopter l'habit des hommes est un geste d'affranchissement. Ainsi des femmes bravent les sarcasmes et deviennent des modèles pour les femmes éprises de liberté: Rosa Bonheur, George Sand, l'exploratrice Jane Dieulafoy ou encore l'écrivaine Rachilde portent l'habit masculin.


Coupe courte et au carré dite précisément "à la garçonne"
Louise Brooks.

point En 1920, la coupe courte et au carré dite précisément "à la garçonne" tient le haut du pavé tandis que le cinéma inaugure la carrière légendaire de star comme Louise Brooks. Les opposants à l'émancipation des femmes font courir la rumeur que les coupes courtes provoquent des calvities, ou, au contraire, activent la pilosité du visage... Mais une nouvelle féminité s'invente alors: Le cou et la nuque dégagés mettent en valeur de grandes boucles d'oreilles. Sur les bras dénudés scintillent de nombreux bracelets rigides, serrés "à l'esclave" tandis que le mouvement du corps est souligné par de nombreux bijoux fantaisie et broches...


La nouvelle féminité: la nuque dégagée met en valeur de grands colliers
Louise Brooks.

L'apparition du pantalon

point En 1924, les Jupes sont "courtes" : en moyenne à 26 cm du sol. En 1925, elles sont à 30 ou 35 cm du sol. En 1926, elles sont à 40 cm puis rallongent progressivement jusque 1930 où elles se stabiliseront à 30 ou 32 cm du sol. Mais avec la garçonne, la garde-robe masculine entre dans le vestiaire féminin. Il ne s'agit pas d'excentricité vestimentaire mais s'inscrit dans un progrès du féminisme. L'égalité des sexes apparaît d'abord comme une négation de la féminité et comme une volonté d'imiter les hommes. Le pantalon, emblème de la virilité occidentale apparaît à la fin des années vingt dans la garde-robe féminine même s'il est déja porté dès 1920 pour le ski, l'équitation, la chasse ou le golf. Il existe également sous forme de pyjama de soie pour remplacer la robe d'intérieur dès 1924. A l'écart des changements, la campagne restera longtemps fidèle à ses traditions vestimentaires et à ses costumes régionaux. Ainsi, longtemps, certains curés refuseront la communion aux jeunes filles en pantalon. L'école laïque ne se montrera guère plus tolérante en interdisant le pantalon jusque la fin des années soixante, sauf pendant les rigueurs hivernales, à condition qu'il soit porté sous la Jupe. En 1930, le droit des femmes de s'habiller en homme est même débattu devant les tribunaux. Ainsi, Violette Morris, entraîneuse de la Fédération féminine sportive de France porte plainte car sa fédération lui a retiré sa licence en raison de sa tenue jugée trop masculine. A 37 ans, elle porte des cheveux coupés très courts, le pantalon et veston avec cravate. Elle sera même accusée par la rumeur d'avoir supprimer sa poitrine trop proéminente pour conduire sa voiture... Elle sera déboutée devant le tribunal qui déclarera que "porter un pantalon n'étant pas d'un usage admis pour les femmes, la fédération féminine sportive de France avait parfaitement le droit de l'interdire"...


L'actrice Charlotte Andler en 1929.
Veston, pantalon, chemise, noeud papillon, gants.
La garde-robe masculine entre dans le vestiaire féminin.

point Néanmoins, ces femmes courageuses triompheront des divergences esthétiques, morales et politiques pour entrer dans les moeurs et ouvrir ainsi la voie de la femme moderne telle que nous la connaissons aujourd'hui.


Encore la coupe courte et au carré "à la garçonne"
Louise Brooks.

source : jupe.be
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Christine Bard, Les Garçonnes. Modes et fantasmes des Années folles, Paris, Flammarion, 1998, 159 p.
Carolyn J. DEAN
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Texte intégral

Christine Bard, avec Les Garçonnes, propose un fougueux antidote à la remarquable capacité du patriarcat à convertir la rébellion féminine en un reflet de son propre désir ou anxiété. Dans une analyse extrêmement précise de la garçonne, l'auteur montre combien cette figure est essentiellement une métaphore de la dissolution des mœurs. La garçonne rejette la féminité traditionnelle, s'attirant la colère de ceux qu'inquiète la dépopulation. Son corps échappe aux bornes érigées par les conventions sociales et sa sexualité fluide symbolise volontiers d'autres fluidités : mélange racial, cosmopolitisme, mixité sociale. De plus, elle « cristallise les perceptions contradictoires d'une identité féminine en pleine évolution » (p. 91). Christine Bard insiste sur les multiples facettes de la garçonne et souligne la dimension positive que revêt cette figure, en particulier aux yeux des lesbiennes. Son développement sur l'homosexualité féminine constitue la partie la plus importante du livre et apporte une précieuse contribution à l'histoire du lesbianisme dans la France moderne ­ champ de recherche encore presque en friche. Ce développement est si nuancé qu'il tranche quelque peu avec la lecture plus pessimiste de l'image de la garçonne comme fantasme masculin que l'on trouve dans le reste de l'ouvrage. Comment réconcilier les récentes et subtiles analyses sur les origines patriarcales de la garçonne (et la prééminence du style sur le fond, du consumérisme sur la politique) avec son importance pour les lesbiennes ? C'est la question, fondamentale, que soulève Christine Bard sans y répondre ­ chose impossible dans les limites de ce petit livre.
Pour citer cet article
Carolyn J. DEAN, « Christine Bard, Les Garçonnes. Modes et fantasmes des Années folles, Paris, Flammarion, 1998, 159 p. », Clio, numéro 10/1999, Femmes travesties : un "mauvais" genre, [En ligne], mis en ligne le 20 mars 2003. URL : http://clio.revues.org/document270.html. Consulté le 27 septembre 2007.

source : clio.revues

t'es une vraie femme androgyne ma Fennec chérie!!!!mais je t'aime si fort....

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