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Blog d'une lesbienne Sylvae
1 mars 2011

Nicole Brossard-Sous la langue

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G.Courbet-l'Origine du monde


Le corps salive, rien pourtant n'est prévu,
ni l'abondance des touchers, ni la lenteur furtive,
la fureur exacte des bouches. Rien n'est prévu
pourtant c'est à la hauteur des yeux que le corps
d'abord touche à tout sans prévoir la peau nue,
aussi bien le dire, sans prévoir la douceur
de la peau qui sera nue avant même que la bouche
signale l'état du monde.



Rien ne suggère ici qu'au moindre toucher
le regard déjà défaille à vouloir déjà prévoir
un tel rapprochement. Rien n'est prévu sinon
que la respiration, la répétition des sons entre les
chairs. Fricatelle ruisselle essentielle aime-t-elle
dans le touche-à-tout qui arrondit les seins
la rondeur douce des bouches ou l'effet qui la
déshabille ? Rien n'est prévu pourtant au bout du
corps la peau fera image du corps car il n'y a
rien sans image au bout du corps ce sont
les images qui foudroient l'état du monde.



On ne peut pas prévoir pencher si
soudainement vers un visage et vouloir lécher
le corps entier de l'âme jusqu'à ce que le regard
étincelle de toutes les fureurs et les abandons.
On ne peut pas prévoir l'emportement du corps
dans l'infini des courbes, des sursauts, chaque
fois que le corps se soulève on ne voit pas
l'image, la main qui touche la nuque, la langue
qui écarte les poils, les genoux qui tremblent, les
bras qui par tant de désir entourent le corps
comme un univers. On ne voit que le désir. On
ne peut pas prévoir l'image, les fous rires, les cris
et les larmes. L'image est tremblante, muette et
ployphonique. Fricatelle ruisselle essentielle
aime-t-elle le long de son corps la morsure, le
bruit des vagues, aime-t-elle l'état du monde dans
la flambée des chairs pendant que les secondes
s'écoulent cyprine, lutines, marines.




On ne peut pas prévoir si les mots qui
l'excitent sont vulgaires, anciens ou étrangers ou si
c'est toute la phrase qui l'attire et qui avive en
elle le désir comme un flair de l'étreinte, une
manière de sentir son corps prêt à tout, sans
limite. Rien n'est prévu pourtant la bouche du
corps à corps excitée par les mots trouve
d'instinct l'image qui excite.


Rien n’est prévu car nous ne savons pas ce
qui arrive à l’image de l’état du monde lorsque
la patience des bouches dénude l’être. On ne
peut pas prévoir parmi les vagues, la déferlante,
la fraction de seconde qui fera image dans la
narration des corps tournoyant à la vitesse de
l’image.


On ne peut pas prévoir comment la langue
s’enroulera autour du clitoris pour soulever le
corps et le déplacer cellule par cellule dans
l’irréel.

Nicole BROSSARD

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Commentaires
T
ce poème n'est absoluement pas de moi...mais de Nicole Brossard poète canadienne...
T
Ton poème est très beau. Il est un hymne à la féminité.
A
Courbet... Cette peinture est la plus connue, je crois !<br /> <br /> "L'origine du monde", oui, un des plus beaux hommages à la Femme !!!<br /> J'aime beaucoup.....
R
Je découvre ton blog. Je le trouve beau et érotique. J'aime!
T
Courbet!!!!!!!!!!!!!!!!peintre français!!!l'année passée je suis allée 2 fois à son expo au Grand Palais..bon je comprends ma JO je vais te faire connaître Courbet...pourtant je suis certains d'avoir mis pas mal de ses tableaux sur mon blog!!! je t'amite...
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